
Verratti, véritablement indispensable !

Alors qu’au bout du suspense, contre Lille, le PSG parvenait à arracher la victoire dans les arrêts de jeu, une liesse générale s’emparait des tribunes. Ce moment, devenu tellement rare en ces temps contrariés, redonnait enfin le sourire et sa fierté au peuple rouge et bleu.
Au pied du virage Auteuil, tout à ma joie de refaire le match avec mes frères d’arme et de me projeter sur le classico, mon visage se crispe lorsque j’entends derrière moi les commentaires de 2 supporters parisiens : « Merci Léo ! T’as vu ce coup-franc ? Chirurgical ! Magique ! En revanche, Verratti, ce n’est plus possible… Il ralentit le jeu, il ne met plus un pied devant l’autre, il faut qu’il dégage ! »
Je n’ai rien contre le fait qu’on puisse admirer un intermittent du spectacle, très talentueux certes, mais venu en préretraite fouler la pelouse du Parc des Princes. Par contre, je ne peux rester de marbre lorsqu’on manque de respect au joueur le plus ancien de l’effectif, qui lui se démultiplie aux 4 coins du terrain et qui, niveau ballon, n’a rien à envier aux plus grands joueurs de la planète football.
Recruté en 2012 pour la somme de 12 millions d’euros, « petit hibou » , alors âgé de 19 ans, a grandi en même temps que ce PSG version Qatar. Arrivé en toute discrétion au même moment que les Ibra, Thiago Silva et compagnie, le gamin de Pescara a gravi les échelons pour devenir, une décennie plus tard, un des piliers de cette équipe. Par son talent, immense, mais aussi par la combativité qui le caractérise. Chouchou de nombreux supporters (il est l’un des très rares joueurs à avoir des chants qui lui sont dédiés), l’Italien a également ses détracteurs. Son rendement fait régulièrement débat, notamment dans les différents médias où certains (soi-disant) spécialistes se complaisent à ne lui trouver que des défauts. Des défauts, soyons objectifs, Marco Verratti en a. Mais ces défauts ne sont-ils pas à nuancer au regard des multiples qualités qu’il démontre chaque fois qu’il enfile la tunique rouge et bleue ?
Pour y voir plus clair, effectuons un petit tour d’horizon des reproches qui fleurissent ici et là à son égard. Accusé Verratti, au parloir…
Il prend trop de cartons
Oui, sa rage de vaincre le pousse parfois à arrêter l’adversaire de manière virile, mais le plus souvent correcte. Et sa haine de l’injustice l’incite (un peu trop souvent) à venir contester certaines décisions arbitrales. Cela peut exaspérer, mais avec Marco le PSG tient un guerrier qui déteste la défaite, ce qui lui fait perdre de temps à autres une partie de sa lucidité. Si seulement les 10 partenaires qui l’entourent détestaient la défaite autant que lui, les cartons seraient certainement répartis de manière plus équitable…
Néanmoins, Marco Verratti, qui a eu 30 ans le 5 novembre, n’est plus un jeune joueur à qui l’on peut pardonner un manque de maturité. Et certaines suspensions, pour accumulation de cartons jaunes (le plus souvent récoltés pour contestation), lui ont fait rater certains matchs importants et ont grandement pénalisé le club. Le milieu parisien semble avoir pris la mesure du problème et se fait moins sanctionner « bêtement ». Il doit poursuivre dans cette voie.
Il a des statistiques insuffisantes
C’est vrai qu’il marque moins de buts et fait peut-être moins de passes décisives que les meilleurs milieux de terrain dont il fait partie. Mais quel autre joueur est capable, comme lui, d’éliminer 2 ou 3 adversaires et de se défaire d’un pressing tout terrain pour mettre ses coéquipiers sur orbite ? Dommage qu’il n’existe pas des statistiques mettant en valeur l’avant-dernière passe ou la passe verticale qui casse les lignes adverses… Quelle équipe peut se vanter d’avoir un milieu défensif aussi hargneux que technique, tellement à l’aise balle au pied que certains coachs (n’est-ce pas Pochettino ?) ont voulu lui donner les clés du jeu en le plaçant numéro 10 ?
Il est souvent blessé et irrégulier
Il s’agit de 2 thèmes bien distincts qui reviennent pourtant constamment liés l’un à l’autre. Or il est primordial de les dissocier. Le petit Italien est régulièrement victime de blessures qui le privent de certains matchs dans une saison. Parfois des matchs capitaux. C’est regrettable, et c’est incontestablement le gros point noir à l’heure d’évoquer son bilan. Ce qui est contradictoire, c’est d’affirmer que Verratti est irrégulier, souvent blessé et que ses absences pénalisent le club de la capitale. C’est justement parce qu’il appartient à cette catégorie de joueurs tellement fiables et indispensables que, lorsqu’il n’est pas là, la machine n’est plus aussi bien huilée. S’il était aussi irrégulier que certains le prétendent, ses absences ne seraient pas aussi préjudiciables pour l’équipe… Lorsqu’il est sur le rectangle vert, petit hibou ne se cache pas, il harcèle, tacle, récupère, distribue, apporte de la consistance et de la fluidité au jeu, le tout en nous gratifiant de quelques friandises dont il a le secret.
Il convient aussi de préciser que Verratti ne peut pas tout faire tout seul, et que pour montrer la plénitude de son talent il doit être bien entouré. Car après avoir évolué aux côtés de Thiago Motta et de Blaise Matuidi, force est de constater qu’au fil des années ses partenaires au milieu de terrain ont perdu en qualité. Pour juger ses prestations en toute honnêteté, il faut être capable de tenir compte de ce paramètre.
Quoi qu’il en soit, peu de joueurs produisent autant d’efforts sur un terrain. Preuve en est les 12 km parcourus lors de la victoire 3-0 au vélodrome : aucun joueur n’a couru plus que lui. Et il ne serait pas stupide d’envisager que c’est notamment pour cette raison que Verratti se retrouve, malheureusement, trop souvent blessé. Quand d’autres évoquent une (prétendue) mauvaise hygiène de vie… Car bien évidemment, il y a toujours un (soi-disant) spécialiste bien informé qui sait de source sûre que l’Italien a fumé des cigarettes en boîte de nuit, à la même table que Pierre Palmade.
Mercredi, contre le Bayern, un combat âpre attend le PSG. Un combat auquel participera le soldat Verratti. Un joueur titulaire incontestable sous la houlette de Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery, Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino et Christophe Galtier. Un joueur titulaire incontestable avec la Squadra Azzura. Mais un joueur contesté par quelques (soi-disant) spécialistes…
Ti amo ! Oh Verratti amo…