
Ne touchez pas à mon PARC!

Au début des années 80, en chantant : ” bientôt le Parc sera trop petit, pour y recevoir nos équipes amies…” (titre: Allez Paris Saint Germain- Les Parisiens 1977) nous, supporters du PSG, rêvions de palmarès et d’exploits mais jamais de devoir un jour, abandonner notre cocon, notre joyau…
Pourtant, depuis plusieurs semaines, nous assistons impuissants, au ” ping-pong” médiatique que se livrent nos dirigeants et la Mairie de Paris au sujet de l’avenir du Parc des Princes.
Le PARC pris en “otage”!
En effet, les désirs toujours plus grands des propriétaires du club de faire “évoluer la marque” et d’augmenter leurs profits répondant ainsi à une demande qu’ils ne peuvent satisfaire en l’état, dans un Parc des Princes jugé trop à l’étroit se font de plus en plus pressants.
A cela, viennent s’ajouter, les maladresses irresponsables et provocatrices du maire de Paris et de sa cour.
Chacun leur tour, ces deux parties tentent de nous faire croire l’une et l’autre que: “les méchants c’est pas NOUS!”
De son côté, le président Nasser Al Khelaïfi, affirme régulièrement son attachement au club et donc au Parc des Princes et assure que son vœu le plus cher est d’y rester et d’en devenir logiquement propriétaire. Mais la Mairie de Paris refuse l’idée de vendre le stade de la Porte de Saint-Cloud, sans aucune explication valable et argumentée, exceptée la sempiternelle préservation du patrimoine dont elle ne s’occupe en rien depuis des années, en tous cas en ce qui concerne le Parc des Princes.
Ces responsables politiques semblent bien loin des préoccupations de la destinée du PSG et préfèrent de façon hautaine repousser tout dialogue constructif tout en ayant quand même, à de nombreuses reprises, bien profité de la corbeille du Parc des Princes pour y parader!
La ville de Paris bombe le torse en dénigrant son ancien meilleur ami du Qatar, mais sans pour autant proposer un projet ou une solution si par malheur le PSG venait à quitter cette enceinte mythique.
La situation semble être dans une impasse dans laquelle “notre PARC” est pris bien, malgré lui, en otage!
Il était une fois, le PARC!
Jouer avec le destin du Parc c’est finalement bien méconnaître son histoire et l’impact que cela aurait sur la vie de bon nombre d’entre nous.
Le parc est vivant pour nous tous, tel un ami, un frère, fait partie de la famille.
Historiquement ce n’est déjà pas n’importe quel Parc.
En effet, au XVIIIe siècle, à l’époque de la monarchie, le Parc des Princes est une partie du Bois de Boulogne qui n’est pas sur la commune de Paris. Le Parc des Princes était un lieu réservé aux rois et aux Princes pour se détendre, chasser ou se promener. Puis c’est en 1897 que le Parc des Princes devient un vélodrome qui accueillera jusqu’en 1967 l’arrivée du Tour de France.

Paris aura ensuite successivement 2 enceintes:
- une première en 1962
- une seconde, celle d’aujourd’hui, reconstruite à cause des travaux du périphérique parisien. C’est ce parc là qui accueillera notre PSG en 1974.

Le Parc des Princes a eu lui aussi sa vie, ses péripéties, ses modifications, ses destructions, ses reconstructions…
Le PARC: plus qu’un stade, une PASSION!
Et ce Parc des Princes, le PARC comme nous l’appelons tous, est entré un jour dans nos vies pour ne plus jamais en sortir. Il fait partie de note quotidien. On organise souvent notre vie en fonction de ses enfants, de sa famille ou de son travail et bien nous, supporters parisien et “ultra passionnés” nous gérons aussi notre vie en fonction du Parc!
“Tu viens diner ce soir ?” “On se fait un ciné samedi ?” “J’ai 2 places pour le concert ou le spectacle de…?” “On a qu’à partir au ski vendredi y aura moins de monde?” A toutes ces questions, toujours la même réponse : “Ah non je peux pas, je suis au PARC ! “
Voilà, le PARC c’est aussi ça, une priorité, un impératif, pas seulement une enceinte sportive pour passer 2h, comme pour aller au cinéma ou au théâtre.
Non, le PARC c’est différent, c’est chez nous !
Le Parc c’est d’abord ses alentours, on dit “J’arrive au PARC”, ce qui signifie qu’on est soit Porte de Saint Cloud, aux 3 obus, prés des immeubles en briques rouges face au “périph”, devant l’école du Parc des Princes où je vais, chaque matin, retrouver mes élèves face à la tribune Paris. On peut sinon peut-être arriver par la Porte d’Auteuil et redescendre vers le stade en discutant déjà de la composition, des choix de l’entraineur et de l’ambiance du soir.
A l’époque, comme on dit pour moi au début des années 80, on arrivait vraiment au Parc quand on croisait les vendeurs à la sauvette d’écharpes ou de maillots et que l’on sentait les odeurs de merguez qui arrivaient à nos narines, les fameux sandwichs merguez… Ça y est, on était au PARC !
A cette époque, maillot Hechter ou RTL deux bandes sur le dos, crécelle en bois à la main à 6 ans puis très vite remplacée par la corne de brume, on se présentait au guichet aussi fier qu’impressionné !

C’était l’époque des Baratelli, Rocheteau, Dahleb, Pilorget, Tanasi, Couriol, Toko, Lemoult, Bathenay et Luis Aaaah “Luis, Luis, Luis….” !!! Là, tout de suite je les revois les bas baissés de Luis, son dos voûté et ses tacles ravageurs.
Mais en parlant de bas baissés, comment ne pas parler des mollets de Safet Susic et de ses dribbles chaloupés…
Et puis Michel Ngom tellement rapide et parti trop vite, sur le chemin d’Auxerre… Joël Bats(Batsman), Peyroche…

Pas Ivic par contre, borné et menteur comme me le rappelait encore il y a peu, autour d’une bière, Daniel Bravo : “Ivic, lui, montait les joueurs les uns contre les autres, un menteur…”, ou encore cet autre souvenir: “Quand je suis arrivé en 89 au club, on s’entrainait tous dépareillés, on prenait les douches dans les algécos où j’ai un jour d’ailleurs pris de l’électricité sous la douche… On ramenait nos survêts plein de boue à la maison pour les laver, Safet lui, ne voulait pas les ramener, alors il prenait sa douche tout habillé et puis il faisait sécher ça à la chaufferie et le lendemain il reprenait ses affaires. Au bout d’un moment, je te dis pas comment il sentait le chacal !!!!”
Et puis, au PARC, on a vécu les premiers titres, les coupes en 82 et 83 conte Saint- Étienne et Nantes. Le président Borelli qui embrassait la pelouse à genou. Quand on allait aux camps des Loges, les joueurs étaient abordables, sympas, on pouvait discuter, faire une photo.
Puis, le PARC s’est animé d’abord à Boulogne avec les Gavroches de mon ami “Giscard”, “Eric” et puis les “Boys” jusqu’à ce qu’en 91 avec l’arrivée de Canal, une nouvelle aventure débute dans la vie du PARC, la création du virage Auteuil.
Au PARC, pour moi, tout était beau, tout a toujours été beau. Sur le chemin du stade découvrir cette architecture unique et la voir grossir, grossir plus je m’en approchais était à chaque fois, pour moi, un moment unique, mon cœur battait, l’excitation montait et cela à tout âge! A la fois quelque chose de naturel mais qu’on ne contrôle pas complètement.
Monter ses marches, en accélérant dès qu’on entendait les chants démarrer, arriver, en avance pour voir l’échauffement, chanter les joueurs un par un, lire le programme qu’on transformait ensuite en avion ou en confettis pour un mini tifo. Et puis après les merguez, il y avait les odeurs de fumées, mais en particulier celles des cigares, je m’en souviens encore. Et puis cette lumière, cette acoustique, ce vieux panneau d’affichage sur lequel clignotait “les joueurs” à l’entrée des équipes. La pelouse souvent en mauvais état, surtout comparée au billard d’aujourd’hui.
J’ai alors, découvert le premier hymne que je chantais dans mon bain avec mon petit frère et compagnon de PARC.
Les premiers chants.
La jouissance immense des premiers gros mots jusque là interdits à la maison, les jeux de mots des grands qu’on répétait en bombant notre petit torse de 9-10 ans “Vas-y Ngom, efface tes adversaires”.
Les premières scènes de liesse, les sourires échangés et les accolades avec des inconnus mais à ce moment tellement proches !

La découverte de la culture Ultra, la création du VA91, les Kapos qu’on idolâtre et pousser encore et encore, hurler toujours plus fort pour rentrer ensuite à la maison avec le sentiment de devoir accompli et les oreilles qui bourdonnent sur l’oreiller.
Le PARC c’est évidemment des flashs et des souvenirs encrés à tout jamais:
- la campagne européenne 92, 93 en UEFA, la plus belle, la plus folle, les Lama, Colleter, Sassus, Ricardo, Roche, Le Guen, Guerin, Bravo, Fournier, Valdo, Ginola, Weah, Calderaro, Simba, Raï…
- les 2 virages qui se répondaient et faisaient trembler le PARC
- des ambiances folles surréalistes impossibles à décrire ou raconter, seuls ceux qui les ont vécues peuvent comprendre !
Le PARC c’est aussi des gestes fous, des buts magiques :
- Ronaldinho contre l’OM et Bordeaux
- Pauleta et Barthez
- les bicyclettes d’Amara Simba
- PSG Real
- PSG Parme
- PSG Bucarest
- PSM / OM de Simone et Rodriguez
- la reprise de Bravo face au Bayern
- les titres de 85-86 et 93-94 , les premiers, les plus beaux
Le parc c’est aussi les crises de novembre, les taupes du vestiaire et le déchainement malhonnête des médias.
C’est aussi les saisons galères sous Colony Capital, l’insupportable Guy Lacombe et sa moustache, des joueurs improbables et inconnus certaines saisons et des étoiles, des stars et des paillettes à d’autres moments.
Le cauchemar de 2008 sauvé à Sochaux par Amara Diané, mais un PARC bouillant comme jamais contre Le Mans et St Etienne et ce but de Jérémie Clément!
Le PARC c’est aussi les pieds et mains gelées en hiver mais que pour rien au monde, on ne voudrait éviter.
Le PARC est pour nous tous qui avons grandi avec lui, une madeleine de Proust. Il est comme une malle à souvenirs que l’on ouvre pour y retrouver tous les moments importants d’une vie. C’est également un repère, un lieu de partage dans lequel nous nous sommes tant investis. Nous lui avons tout donné, nos joies, nos peines, nos pleurs, nos éclats de rire, nous l’avons défendu telle une forteresse et face à l’Europe toute entière.
Tous les plus grands joueurs comme les plus modestes vous diront leur bonheur de jouer au PARC qu’ils soient joueurs ou adversaires du PSG.
Le PARC, mon PARC est malheureusement mort en 2010 avec le plan Leproux. En effet, en chassant arbitrairement plus de 13 000 supporters historiques, ils ont tué aussi bien le PARC que son âme et pour toujours.
Plus jamais le PARC ne sera comme avant…
Et maintenant?
Aujourd’hui, cette enceinte légendaire regroupe des hordes de touristes venus assister à un spectacle. L’identité et l’histoire du PARC leur importe peu. Ils veulent voir des stars, acheter des maillots qui ressemblent plus à des chasubles de la Fashion Week qu’à des maillots de football témoins des valeurs, de l’histoire, des couleurs et de l’identité du PSG.
Et comme tous les consommateurs, ils ont des exigences, ils sont capables de siffler s’il n’y a pas 3-0 à la mi-temps, ou si leur frites surgelées sont tièdes ! Ces pseudos supporters ne sont que le reflet de cette société d’enfants gâtés à qui tout est dû, uniquement parce qu’ils paient.
Aujourd’hui, le Kop de Boulogne, lieu historique de l’histoire des tribunes du PARC a disparu, ignorant par la même occasion tout de son héritage, sa passion et ses sacrifices. Ses travées sont garnies de supporters adverses ayant acheté à prix d’or sur des plateformes de reventes des places du PARC.
Les supporters parisiens qui ont essayé de faire revivre ce lieu unique ont été dégoutés et découragés. Ils n’ont pas le droit de chanter, de se mettre debout, on les mélange même à des personnes venues supporter l’équipe adverse, ultime provocation, comme si un inconnu venait se servir chez vous dans votre frigo et s’installer dans votre canapé du salon, les pieds sur la table basse… Insupportable !!!
Notre PARC si atypique, si unique est aujourd’hui, aseptisé, nos fresques ont été effacées au Karscher avec une indifférence honteuse niant notre propre histoire.
Aujourd’hui, plus de vendeurs à la sauvette mais des foodtrucks, plus d’odeurs de merguez mais des hamburgers tièdes sans saveurs à gogo, avec, pour dessert, des crêpes au nutella. Tout l’attirail du touriste consommateur.
Mêmes certains de nos chants ont été modifiés, les rythmes non respectés. Les nouveaux supporters, qui ont tout à fait le droit d’exister et d’écrire leur propre histoire, doivent cependant ne pas ignorer de qui ils sont les les descendants et respecter leurs aînés et leur histoire.
A la fin de la saison qui sait si je vivrai mon dernier match au PARC.
Les qataris et la mairie ont-ils conscience de tous nos sacrifices, de tout notre amour pour ce PARC légendaire et mythique et de l’immense douleur ressentie le jour où on nous forcera à quitter le Parc ? Y ont-ils une seule seconde réfléchi ? Ont-ils une seule fois ressenti la même passion que nous depuis plus de 40 ans ?
Bien sûr que non !

Les Qataris rêvent avec leurs suiveurs consommateurs d’un stade à eux, plus moderne. Une sorte de centre commercial où, assis sur un siège chauffant et connecté à un écran tactile on pourra commander une pizza 4 fromages ou du foie gras selon sa tribune, tout en se faisant une séance d’UV et, accessoirement, regarder le match en même temps. Un stade à l’américaine où l’ambiance est artificielle, où la sono a remplacé la ferveur des supporters. Ils veulent concurrencer les grands clubs et avoir un maximum de rentabilité ce qui peut se comprendre. Ils ont réussi à valoriser la marque de façon impressionnante mais une chose ne pourra jamais s’acheter : la PASSION !
Le PARC est déjà mort une fois.
Or tout mort a le droit d’être respecté avec dignité et décence.
Alors, s’il vous plaît:” NE TOUCHEZ PAS A MON PARC !!! “
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