
Grand entretien avec Grégory Paisley : “Les joueurs n’en ont plus rien à faire !”
Arrivé au club dès l’âge de 9 ans, Grégory Paisley a gravi tous les échelons au PSG jusqu’à ses débuts avec les pros en 1998. Une grave blessure au genou a freiné son ascension, mais cela ne l’a pas empêché d’évoluer 14 saisons au plus haut niveau, au poste de latéral gauche, principalement en Ligue 1. Désormais consultant pour la chaîne beIN SPORTS, le Titi parisien est revenu longuement pour nous sur la situation de son club de cœur, en s’exprimant avec son franc-parler habituel sur tous les sujets du moment. Voici ce grand entretien dans son intégralité.
La crise au PSG
Pour parler crûment, ça me fait chier de voir mon club dans cet état-là. On ne ressent plus d’émotions avec cette équipe. L’arrivée de QSI a fait un bien énorme à Paris pour retrouver le devant de la scène. La marque PSG a été développée avec succès à l’international. Mais sportivement, j’ai du mal à voir une cohérence sur le long terme. Chaque été, on a l’impression qu’on doit repartir sur un nouveau projet. Ce n’est pas possible d’avoir un effectif aussi déséquilibré.
Tu as le droit d’avoir une année sans, mais tu ne peux pas te comporter de cette manière sur le terrain. Les joueurs ont un devoir de respect et d’exemplarité vis à vis des supporters et de tous les amoureux du club. Et même pour leur ego et leur fierté. Parce que là, ils passent pour des cons…
Ce qui me dérange, c’est qu’une fois que t’es éliminé de la Ligue des Champions, tu as l’impression que la saison est finie. Mais il n’y a pas que la Ligue des Champions dans la vie… T’es même plus capable d’aller au bout en Coupe de France et t’es en danger en championnat. A trop banaliser les titres nationaux, tu te retrouves en difficulté pour les gagner. Sois déjà le plus fort chez toi et après tu pourras peut-être prétendre à quelque chose en Europe.
La manifestation du CUP à la Factory
Déjà, il faut souligner que la manifestation s’est déroulée de manière plutôt carrée, sans débordement, ni blessé. Ensuite, le droit de s’exprimer librement concerne tout le monde, y compris les ultras. Il est normal qu’il fasse entendre leur ras-le-bol par rapport à la situation du club. On est quasiment arrivé à un point de non-retour. Revendiquer leur mécontentement par rapport à la direction et aux joueurs, devant le siège du club, avait du sens. Cela ne m’a pas du tout choqué. Après, il y a des limites à ne pas dépasser.
L’action devant chez Neymar
J’ai trouvé ça complètement déplacé. Heureusement que le responsable du CUP n’a pas cautionné de tels agissements… Que tu te rebelles et fasses entendre ta colère devant un lieu symbolique comme la Factory, pas de problème. Cela arrive dans tous les clubs. Mais à quel moment, tu vas chez les joueurs… Prenons un exemple tout bête. Si demain Monsieur X, qui travaille de lundi à vendredi dans sa société, fait de la merde sur un contrat, trouverait-on normal qu’on se rende à son domicile pour l’insulter de tous les noms ? Bien sûr que non.
La surmédiatisation des joueurs dans le football actuel, et encore plus à Paris, n’excuse rien. Cette action devant chez Neymar était totalement inapproprié. Cela ternit l’image club et les conséquences pourraient être désastreuses. Quel message tu envoies au monde du football en agissant ainsi ? Si un joueur hésite pour signer au PSG, il pourrait se dire que ça part en cacahuètes et changer d’avis. C’est dommage que certains supporters se tirent ainsi une balle dans le pied.
L’affaire Messi
Que ce soit pour Messi ou n’importe quel autre joueur, à partir du moment où tu te mets à la faute, derrière tu dois être sanctionné. Il ne peut pas y avoir de différence de traitement entre le petit jeune et la plus grosse star du vestiaire. Paris était dans son droit de le sanctionner et a eu raison de le faire. On a maintes fois attendu que l’institution soit respectée par le passé, donc on ne va pas se plaindre de voir Messi sanctionné. A priori, il a fait les choses sciemment, donc il ne pouvait que faire profil bas et accepter la décision du club.
Son bilan au PSG
Bien sûr que j’attendais beaucoup plus de Messi, mais j’ai du mal à lui en vouloir. Le timing de sa venue n’était pas le bon, à tel point qu’on pouvait presque se douter de ce qui allait arriver. Effectivement, sa première année a été décevante, mais dans le quel état physique et mental était-il ? Et s’il n’avait pas trouvé autant de fois les montants, le bilan aurait sans doute été moins négatif.
Je suis fatigué d’entendre qu’il ne fait que marcher, qu’il ne participe pas aux replacements défensifs. Il a toujours évolué comme ça. Les autres ont toujours été à son service. On aura quand même eu un septuple Ballon d’Or sous nos couleurs. Et ça personne n’aurait pu l’imaginer. Ce n’est plus le Messi du grand Barça, mais cela reste un joueur exceptionnel. Je comprends qu’on puisse le critiquer pour ses performances, mais aujourd’hui qui dans cette équipe est irréprochable ? Pas grand monde. On oublie trop souvent combien Messi était bien entouré à son prime. Il pouvait compter sur des Xavi, Iniesta et un collectif fabuleux. Aujourd’hui, à Paris, on est très loin de tout ça. Avec le trio Motta-Verratti-Matuidi derrière lui, par exemple, je pense qu’on aurait vu un autre Messi.
Messi ne pouvait pas s’épanouir dans cette équipe. Pour une question d’équilibre de l’équipe, la mariage était quasiment impossible. Le problème est qu’on a toujours été dans le comparaison avec le Messi du Barça. Et qu’on le veuille ou non, à bientôt 36 ans, il est encore le joueur le plus décisif de Ligue 1. Cela prouve la qualité du joueur. Et si on regarde bien, il est à 15 passes décisives, mais il devrait en compter le double, avec tous les caviars qu’il a offert cette saison.
“Qu’on le veuille ou non, Neymar t’apporte une plus-value dans le jeu. En son absence, il ne se passe pas grand chose. Quand il était là, c’était de sa faute. Quand il n’est pas là, c’est aussi de sa faute… Je pense qu’on a surtout tendance à juger sa vie extra-sportive plutôt que ce qu’il fait sur le terrain.”
Les difficultés de Galtier
Je vois surtout un entraîneur qui est perdu aujourd’hui. Et sincèrement, je ne lui jette même pas la pierre. Qui ne serait pas dans une position délicate à sa place ? Actuellement, il n’y a rien qui va et là dessus on ne peut pas lui en vouloir. En début de saison, il avait son système à trois derrière qu’il a pu travailler et puis tout s’est déréglé. Malheureusement pour lui, il est arrivé l’année d’une Coupe du Monde. On savait pertinemment que certains joueurs, et pas des moindres, allaient se préparer pour cette échéance. Jusqu’à la trêve d’octobre, le rendement du PSG était plus que correct. Il y a avait des objectifs personnels au sein du groupe qui permettaient au collectif de rester performant.
Comme prévu, au retour de janvier, c’est une deuxième saison qui a commencé. Des interrogations existaient sur l’impact de cette Coupe du Monde, en particulier psychologiquement. Croyez-moi, quand vous passez à côté du Graal pour un footballeur, ça laisse des traces. Cela reste des humains. Donc à partir du moment où tu retrouves dans cette situation et que tu n’as pas un schéma de jeu clair et performant sur lequel t’appuyer, forcément tu vas droit dans le mur.
Des joueurs en perdition
Ces derniers temps, c’est la Bérézina, on se fait bouger par tout le monde. Chez l’adversaire, il n’y a plus cette crainte d’affronter Paris. Cela devient un match que tu joues pour gagner. Quand Mbappé est dans un jour sans, le PSG se retrouve sans solution, car rien n’a été mis en place pour que l’équipe prenne le relais. Je veux bien qu’on tire à boulets rouges sur des Fabian Ruiz ou des Vitinha, mais ce sont des joueurs de collectif. Ils ne peuvent pas faire la différence tout seul. Ils seront mis en avant dans une équipe qui tourne bien.
Les recrues ne doivent pas comprendre ce qui leur arrive. Parce que la majorité a perdu son football en venant au PSG. A Naples, Fabian Ruiz n’était pas le même joueur. Il est paumé le pauvre. Par rapport à son premier mois, Vitinha est méconnaissable. On s’est dit l’été dernier qu’on avait recruté une pépite. Aujourd’hui, tout le monde a changé d’avis, mais tu perds pas ton football comme ça. Il y un mal-être, il y a un gros problème. Ce n’est pas possible. Il ne faut pas oublier que le football reste un jeu. Il faut être passionné et prendre du plaisir. T’as la sensation que les mecs n’en ont vraiment plus rien à faire. Ils sont limite dégoûtés d’être sur le terrain.
Une faillite collective
Être aujourd’hui défenseur au PSG, franchement, je ne le souhaite à personne. Ton projet rideau défensif n’existe pas et ton second est en difficulté, donc tu prends tout dans la tronche. Comment faire fonctionner un bloc équipe sans trois joueurs ? Moi qui commente régulièrement le Napoli avec Lozano à droite, Osimhen au centre et Kvaratskheli à gauche, ce n’est pas le même sport. Les ailiers sont en binôme avec les latéraux et font les efforts défensifs tout le match. Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas possible à Paris. C’est une question d’état d’esprit. Quand tu joues dans un grand club, tu dois être capable d’enfiler le bleu de chauffe et charbonner pour aider tes coéquipiers.
A Paris, tu as des joueurs fantastiques, mais si chacun donnait ne serait-ce que 10 % de plus, on ne serait pas là à discuter de tous les problèmes actuels. Après, tu as la bonne mentalité ou tu ne l’as pas. J’ai été un footballeur professionnel lambda, qui a su exploiter ses qualités pour jouer au plus haut niveau. Mais là on parle de joueurs qui sont censés être de vraies locomotives pour le club. Donc on est en droit d’être plus sévère avec eux, d’en attendre plus. Je veux bien qu’on fustige le milieu ou la défense, mais quand tu es collectivement autant en difficulté, n’importe quel joueur peut passer au travers.
Neymar constamment critiqué
Tu te rends au stade pour voir des joueurs de la trempe de Neymar. Pour le spectacle et les émotions qu’il peut te procurer. C’est un joueur clivant. Évidemment qu’il casse la tête à tout le monde avec son attitude, et notamment sa propension à s’agacer facilement en plein match quand les choses ne vont pas dans son sens. Maintenant, qu’on le veuille ou non, Neymar t’apporte une plus-value dans le jeu. On le voit actuellement. En son absence, il ne se passe pas grand chose. Quand il était là, c’était de sa faute. Quand il n’est pas là, c’est aussi de sa faute. Je pense qu’on a surtout tendance à juger sa vie extra-sportive plutôt que ce qu’il fait sur le terrain. Concernant ses blessures, je veux bien qu’on tire sur lui à boulets rouges, mais tout n’est pas de sa faute. Son football amène des contacts et il faut faire avec. Sur le talent intrinsèque, il reste un des meilleurs au monde. Cela reste du pain béni.
Le problème est qu’on lui a déroulé le tapis rouge dès le départ. Quand on te laisse les clés du camion, tu ne vas pas les jeter au sol. A Barcelone, il est arrivé sur la pointe des pieds dans un effectif ultra performant et il a fait profil bas. A Paris, on l’a laissé trop faire. C’est trop compliqué et sans doute trop tard pour remettre les pendules à l’heure. Le voir sous contrat jusqu’en 2027, c’est un peu une incompréhension pour moi. Compte tenu de sa relation compliquée avec les supporters et de ses blessures à répétition, il aurait peut-être fallu prendre une autre option que de lui donner ce nouveau contrat qui pèse lourd dans les finances du PSG.
Son possible départ cet été
Pour un éventuel transfert, il y a deux gros problèmes qui vont se poser. D’abord son salaire. Qui serait capable de lui proposer autant qu’au PSG ? Je vois pas… Ensuite son état physique. Serait-il capable de passer une visite médicale sans encombre avec son historique de blessures ? On sait très bien qu’un transfert de cette envergure peut capoter pour des petits détails.
Maintenant, il faut être réaliste. Avec son énorme contrat en poche, il sera probablement à Paris jusqu’en 2027. A moins qu’un nouveau riche de la Premier League comme Newcastle passe à l’action. Mais aujourd’hui, je ne vois pas un club avec une direction sportive cohérente venir chercher Neymar. On sait qu’il est capable de prendre sur lui pour rentrer dans le moule 3-4 mois. Dire que Neymar ne court pas, ce serait mentir. Lui a toujours fait les efforts. Mais son naturel revient trop facilement au galop et on sait qu’il est capable de partir en vrille à n’importe quel moment. C’est très compliqué de gérer un joueur pareil.

Verratti ça suffit
C’est un joueur frisson, il n’y a rien à dire là-dessus. Mais il était surtout très fort entouré de Thiago Motta et Blaise Matuidi. Depuis a-t-il progressé ? Aujourd’hui, j’ai l’impression de voir le même Marco qu’il y a dix ans. Il dribble toujours dans sa surface. Il n’a pas su évoluer dans ses prises de risque. Il ne marque pas plus de buts qu’il y a dix ans. Il ne fait pas plus de passes décisives qu’il y a dix ans. Alors oui, sous pression, il est encore capable de faire des choses extraordinaires, mais on attend davantage de constance dans ses performances. Concernant tout ce qui se dit sur Marco en dehors du terrain, depuis toutes ces années, à un moment donné, il n’y a pas de fumée sans feu. Il y a forcément un fond de vérité. Tu ne peux pas manquer autant de matches par hasard.
A 30 ans, c’est à lui de prendre ses responsabilités pour remettre sa carrière à l’endroit. Devenir enfin un vrai top player ou ne rester qu’un très bon joueur. Quand tu es armé comme il l’est, tu n’as pas le droit de sous-performer comme il le fait. Moi je reste sur ma faim. Donc si le PSG a envie de reconstruire son milieu de terrain, je pense qu’il faut le faire sans Marco Verratti. Repartir sur une page blanche et basta. Cela pourrait être douloureux pour certains qui sont très attachés à lui, mais aujourd’hui je suis à court d’arguments pour protéger Marco Verratti. C’est sûr qu’avec un excellent récupérateur à côté de lui, on verrait un autre Marco. Mais ce n’est pas le cas à Paris.
La prolongation de Marquinhos
Je pense qu’il peut encore être le leader défensif du PSG. Comme tout le monde le sait, le problème de Marquinhos est avant tout mental. On connaît cette sensibilité des joueurs brésiliens. Intrinsèquement, c’est très fort. Il va vite, il est costaud, techniquement c’est propre. Mais psychologiquement il est atteint. Le 6-1 au Camp Nou, je pense qu’il ne s’en est jamais remis. C’est une réalité. Je pense que ça a été une des plus grandes déceptions de sa carrière. Et qu’il n’a jamais réussi à en faire le deuil derrière. Il a eu beau essayer de se relever, il y a eu d’autres épisodes comme Manchester et le Real, pour lui remettre la tête sous l’eau. Est-ce que ce n’était pas le moment pour lui de se dire qu’il a peut-être fait son temps au club et que pour se régénérer cela passe pas un autre environnement ? Il aime le PSG, pas de souci. Mais j’imagine que le contexte parisien pèse sur lui. Il va falloir qu’il se remette en question sur ses failles mentales et qu’il retrouve une meilleure complémentarité avec les joueurs autour de lui.
Lui enlever le brassard pourrait le libérer d’un poids. Je pense qu’il prend tellement les choses à cœur, qu’il aime tellement ce club, qu’il en oublie parfois de penser à lui et de se concentrer sur ses propres performances. Sergio Ramos est fait pour être capitaine, pas Marquinhos. Surtout à Paris, dans ces conditions particulières. C’est au staff technique et à la direction sportive de se rendre compte qu’il y a un problème de leadership dans cette équipe. Qu’il serait sans doute temps de passer à autre chose. Je suis certain que cela aiderait Marquinhos à retrouver son vrai niveau.
L’avenir de Sergio Ramos
Pour moi, Sergio Ramos a le mérite d’être dans le ton au niveau de l’attitude. A partir du moment où est en pleine possession de ses moyens, il n’y pas trop de souci à se faire. Bien sûr à son âge, il se retrouve parfois en difficulté sur les un contre un. Mais il fait le taf. Avec davantage de protection au milieu, devant lui, il serait certainement encore plus à l’aise. Le fait d’être autant exposé, accentue ses lacunes du moment. Si tu recrutes le top joueur dont tu as besoin derrière, je vois très bien Ramos rester et intégrer la rotation en défense centrale. A condition, que PSG s’y retrouve financièrement bien entendu. Si le nouveau contrat qu’on lui propose n’est pas déconnant par rapport à sa situation, ce ne serait pas le premier joueur que je souhaiterais voir partir en défense.
Le mal-être d’Hakimi
Le problème d’Hakimi est très simple : il n’est pas épanoui à Paris. Il n’est pas heureux sur le terrain et ça se ressent. A partir de là, c’est difficile de donner le meilleur de lui-même. Pour l’avoir suivi à l’Inter, c’est un joueur qui est vraiment performant en tant que piston. Défensivement, il a toujours eu des largesses au niveau de son placement. Il a souvent rattrapé des coups par sa vitesse. Donc quand il joue dans une défense à quatre, c’est plus compliqué pour lui de se mettre en valeur. Maintenant, dans un 3-5-2, trouver sur la planète foot un joueur avec une telle activité dans son couloir droit, ce n’est pas facile. J’espère qu’on retrouvera bientôt le Hakimi de l’Inter et du Maroc. Car celui-là c’est du très haut niveau. A son entraîneur de le mettre dans les meilleures conditions pour qu’il joue plus libéré la saison prochaine.
Il a beau proposer des solutions sur le côté, il n’a personne dans l’axe à qui centrer quand le décalage est fait. Le PSG a besoin d’un vrai neuf qu’il n’a pas dans son effectif. Les pistons se retrouvent de facto clairement mal exploités. Ils sont quasiment condamnés à revenir à l’intérieur pour rechercher un relais dans le petit jeu. Face à une défense bien regroupée, difficile d’exister. L’animation offensive est défaillante en partie à cause de ce manque de présence dans la surface. C’est aussi pour ça que le PSG était bien meilleur collectivement avec des Zlatan et Cavani.
“Faire all-in sur Kylian Mbappé, pourquoi pas, mais il ne va pas falloir se tromper lors du prochain mercato. Il faudra des mecs costauds dans leur tête, qui représentent une vraie plus-value sur le terrain, et qui se mettront au service de Kylian. Comme l’Argentine a su le faire pour Messi lors de la dernière Coupe du Monde.”
Le Kylian Saint-Germain
Le cas Kylian Mbappé est très délicat. Sur le footballeur, il n’y pas grand chose à redire, on sait tous ce dont il est capable. Dans le marasme actuel, il est probablement le seul vraiment en mesure de te faire gagner. Donc je peux comprendre que le projet sportif tourne autour de lui. Mais cela peut être dangereux. J’attends de voir comment l’effectif va évoluer. Il ne va pas falloir se tromper et reproduire de nouvelles erreurs de casting dans ton recrutement. Prendre des mecs avec un état d’esprit irréprochable qui vont accepter de se mettre le cul par terre pour Kylian. Ce n’est pas évident, tant il y a d’ego dans le football moderne.
Tu as la chance de pouvoir compter sur un des meilleurs joueurs au monde. Donc autant le garder. Sur le plan financier, bien sûr tu lui donnes énormément, mais il y a toutes les retombées économiques qu’il t’apporte derrière. Sans lui, Paris n’aurait certainement plus la même aura à l’international. Faire all-in sur Kylian Mbappé, pourquoi pas, mais il ne va pas falloir se tromper lors du prochain mercato. Il faudra des mecs costauds dans leur tête, qui représentent une vraie plus-value sur le terrain, et qui se mettront au service de Kylian. Comme l’Argentine a su le faire pour Messi lors de la dernière Coupe du Monde. C’est compliqué à mettre en place et risqué en fonction de l’avenir de Kylian.
Mbappé dans le nouveau projet
Si tu es en position de le conserver pour plusieurs années encore, tant mieux, bâtis ton projet autour de lui. En revanche, si ce n’est pas le cas, il faudra songer à t’en séparer et à repartir de zéro avec un projet sur le long terme, sans objectifs démesurés, avec des idées claires qui te permettront de peaufiner ton effectif année après année.
Je suis convaincu que Kylian est animé par le désir de remporter cette Ligue des Champions avec Paris. Car c’est un homme de défis. Mais si les conditions ne sont plus réunies pour atteindre cet objectif, qu’est-ce qu’on fait ? Il est tellement intelligent qu’il a déjà dû analyser les choses et cibler ce qui ne va pas dans cette équipe. Mais sincèrement, bien malin celui qui sait ce qui va se passer. Un nouveau projet sportif se construit sur 3-4 ans. Mais Kylian a-t-il la volonté de rester autant de temps ? C’est la question que les dirigeants doivent se poser. Dans son plan de carrière idéal, a priori, il avait décidé d’aller voir ailleurs, de vivre autre chose, sans attendre trop longtemps pour le faire. Si jamais ce n’est plus d’actualité, ce sera pour le plus grand bonheur du Paris Saint-Germain. Mais il faudra mettre tout en œuvre pour construire quelque chose de grand autour de lui.
Le prochain mercato
Si je m’occupais du recrutement du PSG, je chercherais la fiabilité et l’état d’esprit. Aujourd’hui, tu as besoin de construire un vrai collectif et c’est ce qu’il y a de plus difficile. Créer une âme dans le vestiaire. Sur certaines périodes, tu as eu l’illusion de l’avoir, quand les mecs étaient au pied du mur… Car avec tout ce talent individuel à disposition, il suffisait parfois d’une étincelle pour montrer quelque chose de plus et t’en sortir. Mais globalement, si tu as une faillite mentale dans cette équipe, c’est parce que tu as plus de leaders techniques que de vrais leaders de vestiaire. Ce supplément d’âme ne s’invente pas.
La tentation Osimhen
Paris a besoin d’un profil comme Victor Osimhen en attaque. Un vrai numéro neuf capable de prendre la profondeur, mais aussi de remiser ou décrocher. Il est vraiment obsédé par le but et avec son super jeu de tête, tu peux envoyer des centres. Pas de souci. Lui sera là à la réception. L’associer à Kylian donnerait beaucoup plus de variété à l’animation offensive du PSG. Connaissant leurs qualités respectives, il n’y a pas de raison que ça ne colle pas.
L’avantage avec un Osimhen, c’est qu’il fera les efforts pour Kylian. C’est un joueur avec un état d’esprit remarquable, qui donne tout pour l’équipe. En Italie, il a beaucoup mûri et il a su rectifier le tir dans son rapport au collectif. Aujourd’hui, il est vraiment habité par cette obsession de la gagne. Mais attention quand même, Kylian prend beaucoup de place en attaque. Il pèse beaucoup des buts. Donc ce n’est pas évident pour un avant-centre d’exister à ses côtés.
Malheureusement, pour le moment, je ne vois pas comment Osimhen pourrait signer à Paris. Négocier avec son président, Aurelio De Laurentis, est quasiment impossible. S’il voit arriver Paris, forcément son prix va s’envoler. On connaît le “tarif PSG” sur le marché des transferts. Compte tenu de cette réalité, je ne mettrais pas toutes mes billes sur lui, si j’étais le PSG. Ils peuvent déjà compter sur Kylian devant, qu’ils aillent plutôt chercher quelqu’un de plus accessible financièrement, pour ce poste d’avant-centre, et bonifier cette nouvelle association avec le temps.
La question du stade
Pour moi, le Paris Saint-Germain, c’est le Parc et nulle part ailleurs. Si un jour le club déménage au Stade de France, je ne suis même pas sûr d’y aller. Ça pourrait faire partir de l’évolution du club, si le Parc ne faisait plus l’affaire. Mais cela n’est pas le cas. Le Parc reste un des plus beaux stades d’Europe. Concernant le manque de places disponibles et la nécessité de voir plus grand, attention. Aujourd’hui, les gens sont en train de quitter le Parc, compte tenu de ce qu’on leur propose sur le terrain. Déménager ne changerait pas le fond du problème.
Dans la vie, il y a des choses dont tu as envie, mais que tu ne peux pas forcément faire. On sait que le Parc est construit sur le périphérique et donc que les possibilités d’agrandissement s’en retrouvent réduites. J’aurais aimé des discussions plus sereines et transparentes sur le sujet entre le PSG et la mairie. Il faudrait retrouver du calme par rapport à cette situation de blocage.
L’actualité de Grégory Paisley
J’ai commencé l’aventure beIN SPORTS au démarrage de la chaîne, il y a maintenant onze ans. On était juste après la fin de ma carrière et je n’étais pas forcément prédestiné à cette reconversion. Je prends beaucoup de plaisir aujourd’hui à commenter la Serie A avec Philippe Genin. Et ce qui me rassure, c’est que j’ai toujours un œil aiguisé. Par exemple, j’avais beaucoup aimé le latéral droit Di Lorenzo, quand il évoluait à Empoli, et il est désormais le capitaine du nouveau champion d’Italie. Avec aussi la Ligue des Champions et les grands événements internationaux que sont l’Euro et la Coupe du Monde, on peut dire que je suis gâté.
Mais comme ce métier dépend beaucoup des droits télé, j’ai choisi de sécuriser mon avenir. Parallèlement, j’ai décidé de passer mon diplôme de manager général de club sportif, comme Zidane avait pu le faire dans le passé. Je suis à la recherche d’un club professionnel qui me fera confiance pour être le lien entre la présidence et le secteur sportif. Avec mon vécu d’ancien joueur et de consultant, je pense avoir toutes les armes nécessaires pour réussir dans cette nouvelle aventure. Je suis vraiment impatient qu’on me donne ma chance avec un projet solide autour de valeurs dans lesquelles je me retrouve. Je suis persuadé qu’on peut faire les choses proprement dans le football. Le plaisir est le meilleur moteur pour réussir.
Propos recueillis par Numéro 10