Entretien avec Florent Torchut : “Messi et le PSG veulent continuer un an de plus”
Correspondant de L’Equipe et France Football en Argentine pendant sept ans, il suit Leo Messi de près depuis quinze ans et a eu l’immense privilège de le rencontrer à trois reprises. Il en a fait une biographie publiée l’an dernier : “Le Roi Leo” aux éditons Solar. Actuellement basé à Barcelone, où il collabore toujours avec France Football, Florent Torchut est le journaliste français le plus calé et le mieux informé sur la Pulga. Il a accepté de nous en faire profiter le temps d’un grand entretien passionnant. En voici l’intégralité.
Au Vélodrome, dimanche dernier, Leo Messi a retrouvé un peu de sa magie d’antan. Comment avez-vous trouvé sa prestation ?
Quand Leo Messi appuie sur le bouton « on », il n’a peu d’égal dans le monde. Sur le premier but, l’ouverture pour Kylian est fabuleuse. Non seulement il voit l’appel, mais il réalise le dosage parfait. Sur le caviar qu’il reçoit de Kylian, il est présent au bon endroit au bon moment pour conclure. Et que dire de sa louche sur le troisième but… Quand il est dans un bon jour et qu’il accélère un peu, il fait très mal aux défenses adverses. Je trouve qu’on a été un peu dur avec lui sur sa période post Coupe du Monde. Quand on lui reproche de marcher, c’est quelque chose qu’il a toujours fait. C’est sa manière aussi de se faire oublier des défenses. Ses changements de rythme, c’est sa marque de fabrique. Connaissant le personnage, le compétiteur qu’il est, je ne pense pas que ce soit quelqu’un qui calcule. Que parce maintenant, ça y est, il a gagné la Coupe du Monde, il en a plus rien à faire du PSG… J’ai trouvé que c’était une très bonne performance de Messi, sa meilleure depuis le retour de la Coupe du Monde.
Son coup-franc décisif dans les dernières minutes face à Lille a-t-il pu constituer une déclic après des performances en demi-teinte ?
Messi a vécu tellement de choses, que ce soit avec le Barça et l’Argentine, qu’il n’a pas besoin de ça. Par rapport à son langage corporel, je l’ai toujours trouve serein même dans la difficulté. Il est certainement agacé et insatisfait de ses performances depuis janvier avec le PSG. Mais si ce but et la joie qui a suivi ont pu apparaitre comme une libération c’est peut-être davantage par rapport au scénario et au contexte du match, avec notamment un Christophe Galtier sur la sellette.
Il y a toujours un contrecoup physique et émotionnel après une victoire en Coupe du Monde. Je me souviens notamment de l’équipe de France de 1998. Il ne faut pas oublier le début de saison de Messi qui avait été d’un excellent niveau. Comme il est de nouveau un peu moins bien, on lui retombe dessus. Je peux entendre les critiques de certains supporters à son sujet qui considèrent qu’il s’agit d’un joueur en fin de cycle, qu’il doit laisser la placer à d’autres joueurs, qu’il n’est pas au niveau attendu, qu’il est payé beaucoup trop par rapport à ses performances sur le terrain, que son arrivée au PSG était plus un projet marketing que sportif… Moi je ne suis pas d’accord avec tout cela. On l’a souvent enterré dans sa carrière et à chaque fois fois il est revenu sur le devant de la scène.
Certains estiment qu’il n’a tout simplement plus envie….
Pour moi, l’envie est toujours intacte, sinon il aurait déjà raccroché les crampons. Il faut bien avoir conscience d’une chose. Pour Messi, le football c’est toute sa vie. Il aime trop ce jeu. Quand il se lève le matin, il a déjà la tête à l’entraînement du jour. Et toute la semaine, tel un gamin qui profite de la moindre occasion pour aller jouer dehors avec ses potes, il attend le match du week-end avec impatience. Messi a encore très faim, il a terriblement envie d’aller chercher une Ligue des Champions supplémentaire avec le PSG. Ne serait-ce que pour prouver qu’il peut triompher sans Iniesta et Xavi. Cela va faire 8 ans qu’il n’a pas soulevé la coupe aux grandes oreilles. Et pour lui, ce sont 8 années de trop. Cet objectif peut l’aider à se transcender. Je pense qu’on devrait voir un autre Leo Messi mercredi prochain à Munich.
Les Argentins me disent souvent : « Vous avez l’immense chance d’avoir notre joyau en France et vous ne le défendez pas, ne le protégez pas. Au lieu d’en profiter, vous passez votre temps à le critiquer. Vous êtes des ingrats ! »
En l’absence de Neymar, sa connexion avec Kylian Mbappé a fait des étincelles face à l’OM. Quel regard portez-vous sur leur relation ?
Les médias ont tendance à grossir leur rivalité. Forcément elle existe pour des trophées individuels ou pour la Coupe du Monde, où ils s’affrontent. Mais ils évoluent ensemble au PSG, donc j’ai juste envie de dire aux supporters parisiens, profitons-en, c’est extraordinaire d’avoir ces deux joueurs ensemble. Il existe une vraie admiration mutuelle entre les deux. Quand Messi est arrivé, Kylian a tout de suite déclaré qu’il s’agissait du meilleur joueur du monde, que c’était facile de jouer avec lui. On voit qu’il a les yeux qui pétillent quand il parle de Messi. On sent qu’il est heureux de jouer avec lui. C’est la même chose pour Messi. On l’a vu sur la célébration des buts à Marseille, quand ils se sont pris dans les bras. C’était spontané et sincère. Leo considère Kylian comme son successeur. Même s’ils ont des jeux très différents, il sait très bien que c’est lui qui va récupérer le trône. Lors de la cérémonie des trophées “The Best”, Messi a bien pris le soin de féliciter Mbappé pour son extraordinaire année 2022.
Sur le terrain, les grands joueurs se comprennent toujours. On sait que la connexion Messi-Mbappé peut faire très mal à cette défense du Bayern. Que s’ils sont dans un bon jour, que la tête et les jambes répondent présent, cela peut faire des ravages. Pour moi, la clé du match sera plus dans l’approche mentale et l’état d’esprit de l’équipe autour d’eux. Pour décrocher cette qualification, il faudra que le collectif se mette au diapason, que le niveau d’exigence soit à son maximum. Pour ma part, je m’attends à un bien meilleur PSG pour ce match retour. Avec un seul but de retard, tout est possible.
Comment les difficultés de Messi au PSG sont-elles perçues en Argentine ?
Quand Messi est arrivé au PSG, les gens étaient plutôt enthousiastes. La majorité des personnes qui suivaient Messi et donc le Barça sont se sont mises à regarder tous les matches du PSG. Évidemment, il y a un peu de mauvaise foi de leur part, quand les choses ne tournent pas comme espéré pour Messi. C’est toujours la faute de l’équipe qui joue mal, la faute de l’entraîneur… Avec la Copa America et la Coupe du Monde, Messi est devenu un Dieu vivant en Argentine et donc les critiques qu’il peut recevoir en France font beaucoup de bruit. Les notes que peut lui donner le journal L’Equipe ont par exemple une répercussion énorme là-bas. J’ai récemment été invité sur la chaîne Tyc Sports et on m’a demandé comment les journalistes avaient pu lui mettre 3/10, ils trouvaient ça incroyable. Il y a un entraîneur qui s’appelle Pipo Gorosito [du Club Atlético Tigre] qui a déclaré : « Les Français connaissent le parfum, pas le football ». Une citation qui a beaucoup circulé. Les Argentins me disent souvent « Vous avez l’immense chance d’avoir notre joyau en France et vous ne le défendez pas, ne le protégez pas. Au lieu d’en profiter, vous passez votre temps à le critiquer. Vous êtes des ingrats ! ».
C’est très drôle parce qu’il y a 10-15 ans, en sélection, Messi était presque considéré comme un paria par une petite partie des Argentins. Des gens qui ne comprenaient pas qu’il soit extraordinaire avec le Barça et presque banal avec la sélection. A l’époque, il a essuyé des critiques très virulentes d’une partie de la presse qui disait qu’il ne défendait pas suffisamment les couleurs de l’Albiceleste, qu’il ne sentait pas Argentin. Et aujourd’hui, ironie de l’histoire, ce sont ces mêmes détracteurs qui le défendent corps et âme quand il est critiqué par les Français. Surtout qu’avec les affrontements en Coupe du Monde, la France est devenue le grande rivale.
Avec le recul, qu’est-ce qui clochait sous Mauricio Pochettino ?
On pensait qu’avec un entraîneur argentin, formé comme lui à Newell’s Old Boys, il y allait avoir une bonne alchimie, que Pochettino allait réussir à obtenir le meilleur de Messi. Et finalement la mayonnaise n’a jamais pris. On sentait que Pochettino n’avait pas forcément l’ascendant sur le vestiaire. L’équipe ne jouait vraiment pas bien l’an dernier. Leo traînait aussi un peu son spleen de Barcelone, c’est sûr, il est parti contraint et forcé alors qu’il comptait finir sa carrière là-bas. Même s’il comptait tourner la page et réussir à être performant avec le PSG, sa tête était encore à Barcelone. Il a quand même passé trois bons mois à l’hôtel, avec sa femme et ses enfants. Donc ça lui a coûté un peu au début de se mettre dans le bain et ça a donné un peu cette première année un peu compliquée avec un Pochettino pas capable de le mettre dans les meilleures dispositions et une vie perso un peu perturbée. Oui Messi est un extraterrestre mais cela reste avant tout un humain qui avait besoin de cette période d’adaptation, ça c’est clair.
LA SECONDE PARTIE DE L’ENTRETIEN PARUE CE DIMANCHE
Christophe Galtier doit à son tour composer avec la problématique de la MNM et en particulier le déséquilibre que ce trio représente. Comment cela se passait-il au temps de la MSN que vous avez suivi à Barcelone ?
Le Barça de Luis Enrique jouait vraiment très haut et avait très souvent le ballon. Elle marquait aussi beaucoup de buts, ce qui lui donnait une bonne marge de sécurité. Les équipes adverses craignaient vraiment la triple menace et cela en inhibait certaines dans les intentions de jeu. Au final, il y avait assez peu de danger sur le but barcelonais avec un Ter Stegen a son prime. Et au milieu, ça travaillait beaucoup à la perte du ballon avec Busquets devant la défense, Rakitic qui abattait un boulot monstrueux dans le rôle de Xavi et on peut aussi citer Iniesta, qui était très intelligent dans le replacement. En revanche, si on met de côté la campagne victorieuse de 2015, le visage ultra offensif de ce Barça a posé plus de problèmes en Ligue des Champions. On se souvient du 4-0 concédé au Parc ou du 3-0 à Turin. Donc, au final, la MSN n’a pas été qu’un long fleuve tranquille. En 2015-2016, ils marchaient sur l’eau. Par la suite, ce fut plus compliqué.
Dans le football moderne, avoir trois gars qui ne défendent quasiment pas rend l’équilibre de l’équipe vraiment précaire. Aujourd’hui, Galtier est quasiment obligé d’aligner la MNM au coup d’envoi. Qui plus est dans les matches importants. A lui de les convaincre d’en faire plus à la perte du ballon. De gêner les relances des centraux et latéraux, de couper les lignes de passe. Pour que le premier rideau empêche les attaques rapides de l’adversaire et évite au milieu de se prendre des vagues successives.
C’est à Barcelone que s’est créé un lien très fort entre Messi et Neymar. Pouvez-vous nous en dire plus sur leur amitié ?
Quand Neymar est arrivé au Barça, il était très jeune, il n’avait pas encore connu le football européen et Messi l’a accueilli à bras ouverts. En reproduisant ce que Ronaldinho avait fait avec lui. Dans l’autre sens, Neymar qui était, lui, déjà une immense star au Brésil a tout de suite prêté allégeance à Messi. Il s’est montré désireux d’apprendre aux côtés du meilleur joueur du monde. Messi l’a pris sous son aile car il se retrouvait en lui. Dans son talent, dans ces gestes que peu sont capables reproduire. Ensuite, quand Messi est arrivé au PSG, on se souvient tous de cette anecdote que l’entourage de l’Argentin m’avait rapporté, avec Neymar qui voulait offrir le numéro 10 et Leo qui avait refusé en disant « c’est moi le nouveau qui arrive, garde ton numéro ». Cela montre bien qu’une amitié forte les unit, un mélange de respect et d’admiration.
Mais le plus grand ami de Messi au Barça était Luis Suarez. Ils avaient le même âge (ils sont de 1987), leurs femmes étaient copines, leurs enfants allaient dans la même école. Donc cela dépassait le cadre du sportif. Avec Neymar, c’est autre chose. Il y une différence d’âge (ils ont quasiment 5 ans d’écart) et de culture. Donc en dehors des terrains, ils se voient peu, mis à part pour les anniversaires de Ney où Leo répond présent. Neymar est plus un oiseau de nuit, alors que Messi mène une vie de père famille, donc ils ne sont pas très proches dans la vie privée. En revanche, au PSG, ils sont toujours collés l’un à l’autre, que ce soit à l’entraînement, dans le vestiaire ou lors des déplacements. On peut parler d’une grande amitié footballistique.
Sur le terrain, Messi et Neymar parlent le même langage sur le plan technique, ils se comprennent. De par leur QI foot, leur connexion est naturelle. Dans ses échanges répétés avec Neymar, Messi doit se dire que le Brésilien est le plus à même de bonifier les ballons qu’il reçoit. Je comprends que parfois, en particulier en l’absence de Kylian, on puisse se dire qu’ils forcent les choses et ne respectent pas le jeu. Mais c’est évident pour eux de se chercher. Ils l’ont toujours fait.
Vous qui étiez sur place, racontez-nous comment la victoire au Mondial a été vécue en Argentine ?
Pour l’Argentine, gagner une Coupe du Monde c’est bien plus que du football. C’est le trophée suprême qu’ils attendaient depuis 36 ans. Cette équipe n’est pas la plus brillante que Messi ait connue. Celle de 2006, par exemple, était beaucoup plus forte sur le papier avec les Sorin, Heinze, Cambiasso, Mascherano, Riquelme, Crespo, Tevez… Mais très rapidement le peuple argentin s’est identifié à l’équipe de 2022. à ce mélange entre la nouvelle génération et des anciens comme Otamendi, Di Maria et Messi. Les Argentins sentaient que ces trois-là feraient tout pour clore le chapitre de la sélection en beauté. Ils se sont pris d’affection pour cette Albiceleste.
En étant sur place, à Buenos Aires, j’ai senti une atmosphère différente que les précédentes éditions. Toutes les vitrines étaient colorés en ciel et blanc, les maillots, casquettes, fanions fleurissaient. Tout le pays était derrière sa sélection comme jamais. Et chaque match était vécu avec une intensité incroyable. D’habitude, beaucoup d’Argentins regardent les matches tous seuls chez eux par superstition mais aussi parce qu’ils sont trop stressés. Cette fois, comme on était l’été, il y avait beaucoup de monde dans les bars. Les célébrations qui ont suivi la finale ont été le plus gros rassemblement festif de l’histoire avec 5 millions de personnes dans les rues. C’était indescriptible. Dans un pays qui connaît une crise économique et politique, l’impact que cette victoire a eu sur les gens, sur l’état d’esprit, a été incroyable. Ils avaient cruellement besoin de ces moments de joie et de partage.
Pour la prolongation de Leo, des détails financiers sont encore à régler, que ce soit sur le salaire, les droits à l’image ou encore les bonus. La volonté des deux parties d’aboutir à un accord est claire et les discussions avancent en ce sens
Est-ce que l’installation de Julian Alvarez en pointe a fait basculer la Coupe de Monde de Messi et de l’Argentine ?
Il est clair que d’avoir devant lui un Julian Alvarez qui court comme un dératé a fait beaucoup de bien à Messi. Son duo avec Lautaro Martinez fonctionnait bien. A eux deux, ils avaient marqué les trois-quart des buts de l’Argentine sur une période donnée. Mais au Qatar, Lautaro était diminué physiquement. Il n’était pas à 100 %. Donc Luis Scaloni qui est un coach très pragmatique a décidé de le sortir et d’installer Alvarez. Ça a été un choix payant. On connaissant le talent du joueur, même s’il était un peu dans l’ombre de Haaland à Manchester City. Et son apport, avec sa capacité à presser, à se déplacer et créer des espaces, a libéré Messi. Leur association a été extraordinaire, notamment contre la Croatie. Sur ce match, Leo a livré une véritable masterclass et je pense que les Argentins ont été un peu surpris par le peu de résistance qu’ils ont rencontré lors de cette demi-finale.
Avec ce sacre au Mondial, Messi a-t-il rattrapé Maradona dans le cœur des Argentins ?
Les gens se sont vraiment pris d’affection pour Messi depuis 2019 et l’échec en demi-finale de la Copa America au Brésil [défaite 2-0]. Il s’était un peu rebellé, s’en était pris à l’arbitrage et à la CONMEBOL. Les gens se sont dit qu’il montrait enfin du caractère. Avec la Copa America remportée en 2021 et le sacre en Coupe du Monde, il a été définitivement accepté et reconnu comme l’un des leurs par les Argentins.
Je ne dirais pas que Messi est revenu à la hauteur de Maradona, tellement le personnage de Diego est fort, son histoire aussi, avec une enfance passée dans un bidonville alors que Messi a grandi dans un milieu plus aisé. Maradona a un côté beaucoup plus romanesque. En 1986, il remporte la Coupe du Monde presque à lui tout seul avec des actions légendaires face aux Anglais : la main de Dieu et ce slalom incroyable depuis le milieu de terrain. Avec le Napoli, il représente la classe populaire italienne et multiplie les trophées alors qu’avant lui le club n’avait rien gagné.
Ceux qui ont connu 1986 placent toujours Maradona à part. Messi a parfois eu une image de « poule mouillée » pour certains compatriotes après les différents échecs en sélection, alors qu’en vérité il n’a jamais baissé les bras, qu’il s’est toujours battu. Après le match contre l’Arabie Saoudite, il eu cette phrase qui a beaucoup marquée les Argentins : « Que les gens aient confiance en nous, on ne va pas les laisser tomber ». Il a montré qu’il pouvait prendre ses responsabilités, être le leader de cette équipe.
Confirmez-vous que Messi est aujourd’hui vraiment épanoui au PSG et que la prolongation de son contrat, qui s’achève en juin, est en bonne voie ?
Complètement. Pour parler régulièrement avec son entourage, il est plus heureux que jamais au PSG et dans sa vie à Paris. Avec sa famille, il a trouvé son équilibre et sa petite routine. C’était quelque chose de fondamental après une adaptation très difficile. Aujourd’hui, c’est devenu une évidence pour Messi de prolonger l’aventure au PSG. C’est sa volonté et celle de son club. Des discussions sont en cours entre Luis Campos et Jorge Messi [le père de Leo qui est aussi son agent]. Ils ont pu se voir juste après le match aller du Bayern [le 8 février dernier] et sont sur la même longueur d’onde dans ce dossier. L’idée commune est de lever l’année optionnelle qui figure dans le contrat de Leo au plus vite, de graver cette prolongation dans le marbre. Du côté du joueur, la volonté est de continuer d’évoluer au plus haut niveau jusqu’à la Copa America 2024. Et le PSG lui offre cette possibilité.
Pour l’instant, les choses ne sont pas actées. Cela prend un peu de temps, car des détails financiers sont encore à régler, que ce soit sur le salaire, les droits à l’image ou encore les bonus. Nous sommes actuellement en pleine phase de négociation. Des documents font des allers-retours avec des proposions et contre-propositions. Des traductions doivent être réalisées en français et en anglais. Alors que les avocats sont là pour tout vérifier. On n’est pas sur Football Manager, des contrats de cette envergure sont souvent très complexes et cela peut se jouer à l’alinéa près. En tout cas, la volonté des deux parties d’aboutir à un accord est claire et les discussions avancent en ce sens.
D’autres clubs seraient à l’affût pour Messi, notamment le Barça. Les médias catalans parlant d’une entrevue entre Joan Laporta et Jorge Messi. Qu’en est-il réellement ?
Ce qui m’a été confirmé par l’entourage du joueur, c’est qu’à l’heure actuelle, le PSG est le seul club à avoir formulé à Jorge Messi une offre de contrat pour la saison prochaine. Ni le Barca, ni l’Inter Miami, ni même les Newell’s Old Boys ne discutent avec lui. Les informations que j’ai, c’est que Jorge a passé quelques heures à Barcelone, il y a un peu plus de deux semaines, dans la foulée de son passage par Paris, mais pour des motifs professionnels et familiaux. Les bureaux de la société qui gère les intérêts de Leo Messi se trouvent là-bas, tout comme le frère de Leo et donc les petits-enfants de Jorge.
A ce jour, le rendez-vous Jorge Messi – Joan Laporta ne m’a été ni démenti ni confirmé. Une chose est sûre, si cette entrevue a bien eu lieu, c’était avant tout pour renouer le contact en vue de l’organisation d’un match hommage au Camp Nou. Car les relations entre les deux parties étaient rompues après le départ précipité de Leo en août 2022. Est-ce qu’une offre du Barca suivra ? L’avenir nous le dira.
Comment êtes-vous devenu le journaliste français le plus introduit dans le clan Messi ?
Ma relation avec Messi débute grâce au Ballon d’Or et à France Football. Quand je décide de m’installer en 2009 à Bueno Aires, comme correspondant, Leo commence à devenir le grand joueur qu’on connaît aujourd’hui. Il change complètement de dimension avec le sextuplé du Barça et en étant un acteur majeur de la victoire en Ligue des Champions. J’arrive en Argentine en mars et il gagne son premier Ballon d’Or en décembre. Par la force des choses, je me retrouve comme le représentant de France Football sur place pour ce trophée. Et j’ai donc la chance de pouvoir nouer des relations avec son entourage.
Messi gagne au total 5 Ballons d’Or pendant ma période en Argentine. Je vais donc souvent me rendre à Rosario pour rencontrer son père, Jorge, mais aussi ses amis d’enfance, ses cousins, ses premiers entraîneurs et coéquipiers à Newell’s Old Boys, ou encore le médecin qui l’a accompagné dans son traitement aux hormones. J’ai pu créer un lien avec toutes ces personnes et surtout gagner la confiance du clan Messi. Aujourd’hui, je suis proche de certains membres de son entourage, comme son attaché de presse, avec lesquel j’échange régulièrement.
Pour le Ballon d’Or 2019, j’ai eu la chance d’interviewer Messi en compagnie du journaliste international de France Football Thierry Marchand. En septembre 2021, j’ai réalisé la première longue interview de Messi en France pour son arrivée au PSG. Je me suis rendu au Camp des Loges. C’était un moment magique, car cette fois j’ai pu me retrouver seul en tête à tête avec lui pendant une heure. Enfin, en décembre 2021, je me suis rendu dans sa résidence de Neuilly-sur-Seine pour son 7e Ballon d’Or et j’ai eu le privilège d’être à nouveau seul avec lui dans son salon.
Comment l’idée d’écrire la biographie « Le Roi Leo », sortie en mars 2022, s’est imposée à vous ?
J’ai connu deux moments vraiment marquants dans ma carrière, pour lesquels j’ai été sollicité de toutes parts. Ça a été la mort de Maradona, que j’avais eu l’immense bonheur d’interviewer, et puis le transfert de Messi au PSG. En tant que journaliste français ayant travaillé longtemps en Argentine et vivant à Barcelone, étant donné aussi mon lien avec le Ballon d’Or et mes rapports avec le clan Messi, je me suis retrouvé au centre d’un véritable tourbillon médiatique. Pendant une semaine, je n’ai quasiment pas dormi pour raconter les coulisses de cet événement hors norme. Et rapidement, l’idée d’en faire un livre, d’écrire une biographie sur Leo, est apparue comme une évidence pour moi. J’ai contacté Jean-Philippe Bouchard chez Solar, qui m’a dit banco. J’ai voulu faire une compilation de la carrière de Messi dans un format très rythmé et sympa à lire. Pour ce projet, j’ai ressorti toutes mes archives personnelles compilées durant 13 années.
Ce qui rend cette bio exceptionnelle, c’est d’abord que c’est la seule qui s’appuie sur les propos de Messi lui-même, à travers six des huit interviews qu’il a pu donner à France Football. Et ensuite, ce sont toutes les photos inédites de Messi que j’ai pu récupérer avec ma clé USB, que j’avais avec moi lors de toutes mes rencontres à Rosario. Des clichés de son enfance et de sa jeunesse qui font de ce livre un objet spécial.
Évidemment, j’ai envoyé plusieurs exemplaires à l’entourage de Messi qui m’avait donné son aval pour écrire cette biographie. Mais comme parmi eux personne ne parle français, ils l’ont juste feuilleté. J’ai donc fini par trouver un éditeur pour en faire une version argentine qui sortira prochainement. Le livre est en cours de traduction et Angel Di Maria vient d’accepter d’en réaliser la préface. C’est vraiment quelque chose qui me tenait à cœur de le sortir en Argentine. C’est une grande fierté. D’abord pour que Leo puisse l’avoir entre les mains, mais surtout pour l’envoyer à toutes les personnes que j’ai pu croiser dans ma carrière pour évoquer Messi. Pour leur rendre tout ce qu’ils m’ont donné.
Propos recueillis par Numéro 10